Atelier d’intelligence collective à La Ruche
Le mois dernier, le programme pour entrepreneurs réfugiés THSN by la Ruche a organisé un atelier d’intelligence collective !
Atelier d’intelligence collective : qu’est ce que c’est ?
Autrement appelé « co-développement », cet atelier est basé sur des valeurs d’entraide, de bienveillance, d’écoute et de respect de chacun.
Un espace où l’on prend enfin le temps de se poser, s’exprimer, d’être écouté, sans se sentir jugé ni critiqué. Le co-développement réunit un groupe de personnes qui partagent des problématiques professionnelles, elles vont s’aider mutuellement grâce au développement d’une « intelligence collective » organisée en six étapes structurant la parole, l’écoute et la réflexion et incitant au passage à l’action ou à des pistes de solutions. Simple à mettre en place et efficace, c’est une superbe opportunité de rencontrer celles et ceux qui aideront à faire avancer votre projet dans le bon sens.
Ce co-développement thématique avait comme objectif de se centrer sur les secteurs de l’art, la culture et les médias. Réalisateur de documentaires, entrepreneur.es – artistes, spécialistes de l’administratif du spectacle vivant… en tout 10 personnes étaient réunies pour échanger ensemble autour des problématiques de ces secteurs aux codes et fonctionnements très particuliers.
Malik, reporter de formation, nous partage sa problématique.
Aujourd’hui, il a monté sa société de clips musicaux et vidéos institutionnelles. Mais ce qui le passionne et l’anime, ce sont les documentaires.
« J’adore faire des portraits de personnes inconnues mais super inspirantes ! Mon premier documentaire était axé sur une femme voilée qui faisait des graffitis, l’autre sur un gamin dans un orphelinat au Kenya qui souhaite devenir avocat sans faire d’études. Je les filme dans leurs milieux naturels et on collabore pour réaliser ensemble des prises de vues qui leurs correspondent réellement. Pas de superflu, que du vrai ».
Les documentaires lui demandent beaucoup de temps, d’argent et d’investissement personnel. Ce sont des jours entiers de calculs de gestion de trésorerie pour que ça rentre dans le budget, des semaines entières de vacances qu’il passe à organiser ses expéditions.
« Avec mes deux associés, on essaye ensemble de colmater les brèches mais les vidéos publicitaires priment sur les docus passions parce que ça paye et ça fait tourner la boîte ».
Il est donc arrivé à cette problématique : comment me dégager du temps pour mes activités de documentaires quand seules les vidéos institutionnelles me rémunèrent ? OU Comment laisser du temps pour ma passion quand ça ne paye pas ?
Les autres personnes présentes se sont alors penchées sur son problème et ont pu trouver des pistes de réflexion. Elles l’ont d’abord questionné sur son travail, la répartition des missions dans l’équipe, la vision de l’entreprise à moyen et long terme, les partenariats, la visibilité des documentaires. Puis elles ont partagé leurs expériences dans ce secteur tout en soulignant des idées à mettre en place pour répondre à la problématique de Malik.
Le temps est un enjeu majeur pour Malik.
Anne Souty, consultante en administration du spectacle a partagé une bonne pratique qu’elle applique pour sa propre entreprise. « Cette situation de choix entre l’argent et la passion m’arrive tout le temps. Car le projet qui me plaît me demande une place mentale et un temps énorme. Certaines fois je ne peux pas prendre le risque car c’est trop imposant. J’ai trouvé des solutions qui m’aident à faire ces choix. Ce que je fais c’est de tout découper en petites étapes : 1-trouver des financement, 2-trouver un associé 3- rédiger le projet. Ça permet de réduire la charge mentale et de travail, et ça permet aussi d’être plus tenace face aux difficultés. Et il faut être tenace, c’est la clé pour trouver du temps pour ta passion. »
Gaspard Njock, peintre et dessinateur de BD confirme : « sectionner c’est aussi ma façon de fonctionner. En sectionnant bien, on voit l’avancement et on voit les petites retombées notamment économiques ». Sectionner, c’est aussi avoir la flexibilité de changer son projet en cours de route, « sortir du processus quand on est dans des domaines comme l’art. C’est un secteur où il faut se lancer, le faire de manière spontanée ».
Les collaborations sont l’autre piste de solutions apportées par l’ensemble du groupe. La collaboration avec d’autres réalisateurs, avec des étudiants des écoles de cinéma ou d’arts qui pourraient aider et créer avec lui de nouveaux formats plus courts et moins coûteux. Le manque de moyens pour ces projets passions était également prégnant dans le discours de Malik, les autres participants ont proposé différentes pistes de financements pour éviter de dépendre trop des projets à forts revenus.
« Les fondations sont de gros acteurs du financements pour les documentaires, même peu connus : Betancourt, Lagardère, Culture & diversité » propose Hamza Abuhamdia, entrepreneur réfugié. Anne ajoute également des organismes comme le Centre National du Cinéma, les fonds des institutions du monde arabe et des fondations avec des agendas féministes internationaux, et puis également le crowdfunding pour lever des fonds. Ces demandes de subventions prennent du temps et nécessitent d’embaucher de nouvelles personnes, ce qui est tout à fait envisageable pour Malik qui souhaite agrandir son équipe à court terme.
Finalement, ce co-développement a permis à Malik de repartir avec des solutions et des pistes de réflexion apportées par toute l’équipe. Mais également une autre vision et approche de la gestion du temps et de l’argent ainsi qu’un recul sur la réalité, celle des artistes qui doivent souvent faire des choix pour vivre de leurs passions.