Accompagner les entrepreneurs réfugiés : créer un cadre de confiance en toute flexibilité
“Je m’appelle Sina Josheni. J’ai rejoint l’équipe de La Ruche en septembre 2019 pour lancer le premier programme dédié aux entrepreneurs réfugiés : les incubateurs THSN.
Les incubateurs THSN ont été créés et financés par la fondation The Human Safety Net, du groupe Generali, dont l’une des missions est d’accompagner les réfugiés qui souhaitent entreprendre. La Ruche anime les deux incubateurs présents en Seine-Saint-Denis, l’un à Montreuil et l’autre à Saint-Denis. Plus que des lieux ,ce sont surtout des programmes d’accompagnement complets que nous proposons afin de fournir la méthode et les outils nécessaires à ceux qui en ont besoin. Chaque année, nous accompagnons 4 promotions d’une quinzaine de créateurs via un accompagnement individuel, des ateliers collectifs et des mises en relation avec des experts de notre réseau. Pendant 9 mois, nous les aidons à se familiariser avec les codes de l’entrepreneuriat et à passer toutes les étapes indispensables de la création d’entreprise.
Globalement, nous souhaitons agir sur l’insertion professionnelle des personnes qui bénéficient de la protection internationale (statut de réfugié ou protection subsidiaire). En montant leur projet, ils construisent un réseau et renforcent des savoir-faire et des savoir-être qu’ils peuvent ensuite valoriser sur le marché du travail. L’objectif final est qu’ils puissent s’épanouir au quotidien, que ce soit via l’entrepreneuriat, une activité salariale ou autre.
Depuis la création du programme, nous avons accompagné 94 entrepreneurs. Une majorité d’entre eux sont originaires de Syrie mais aussi d’Afghanistan, du Bangladesh, du Soudan et d’Afrique francophone. Chaque personne fait face à des réalités et des difficultés différentes ce qui nous demande beaucoup de flexibilité dans nos pratiques d’accompagnement.
Ainsi, chaque année nous faisons évoluer le programme afin qu’il réponde au mieux aux besoins des créateurs. Nous avons notamment déplacé nos temps collectifs le soir ou le week-end pour accueillir les personnes qui travaillent à côté du programme. On s’appuie également beaucoup sur les partenaires du programme et surtout sur Generali qui mobilise toutes les forces vives en interne pour soutenir les entrepreneurs du programme.
En plus d’apporter la méthode et le réseau d’experts, nous avons un réel enjeu à agir sur leurs peurs limitantes. Entreprendre dans un pays dont on ne connaît pas les codes est déjà un défi mais il est d’autant plus grand lorsqu’on ne maîtrise pas la langue ! C’est pour répondre à ce frein que nous proposons des cours de français et que nous organisons des ateliers avec une comédienne des cours Florent afin de travailler sur leurs prises de parole en public et renforcer leur confiance en eux.
Malgré tout ça, on se rend compte que ce sont surtout les relations humaines qui font le succès du programme ! Après 3 ans, on a réussi à construire des relations de confiance qui perdurent dans le temps. Nous sommes toujours en lien avec la première promotion d’entrepreneurs et c’est une grande fierté de les voir avancer, grandir et construire.
Ce sont de vrais rôles modèles qui peuvent inspirer et témoigner qu’il est possible de choisir sa voie même après un parcours de migration.”
Sina Josheni, responsable des programmes d’accompagnement pour les entrepreneurs réfugiés de La Ruche